Le vieux Chat et la jeune Souris, Jean de LA FONTAINE
Une jeune Souris, de peu d’expérience,
Crut fléchir un vieux Chat implorant sa clémence,
Et payant de raisons le Raminagrobis :
Laissez-moi vivre : une Souris
De ma taille et de ma dépense
Est-elle à charge en ce logis?
Affamerais-je, à votre avis,
L’Hôte, l’Hôtesse, et tout leur monde ?
D’un grain de blé je me nourris ;
Une noix me rend toute ronde.
A présent je suis maigre ; attendez quelque temps
Réservez ce repas à Messieurs vos Enfants.
Ainsi parlait au Chat la souris attrapée.
L’autre lui dit : Tu t’es trompée :
Est-ce à moi que l’on tient de semblables discours ?
Tu gagnerais autant à parler à des sourds.
Chat et vieux pardonner ? cela n’arrive guères.
Selon ces lois descends là-bas,
Meurs, et va-t-en tout de ce pas,
Haranguer les sœurs Filandières :
Mes Enfants trouveront assez d’autres repas. »
Il tint parole ; et, pour ma fable,
Voici le sens moral qui peut y convenir :
La jeunesse se flatte, et croit tout obtenir ;
La vieillesse est impitoyable.
Jean de LA FONTAINE (1621-1695).
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- Selon ces lois descends là-bas : chez les morts
- les sœurs Filandières : les Parques, donc la Mort
- Il tint parole : « avec un goût parfait, L.F. sait arrêter son conte à temps, sur une pointe évocatrice qu’il n’est pas nécessaire d’expliciter. « Il tint parole » suffit à faire comprendre au lecteur que le vieux chat croque la souris »
- La jeunesse se flatte : s’illusionne