Les trois tamis de Socrate (Conte)
Les trois tamis
Un jour, quelqu’un vint voir Socrate et lui dit : – Écoute, Socrate, il faut que je te raconte comment ton ami s’est conduit.
- Arrête ! interrompit l’homme sage. As-tu passé ce que tu as à me dire à travers les trois tamis ?
- Trois tamis ? dit l’autre, rempli d’étonnement.
- Oui, mon bon ami : trois tamis. Examinons si ce que tu as à me dire peut passer par les trois tamis. Le premier est celui de la vérité.
As-tu contrôlé si tout ce que tu veux me raconter est vrai ?
- Non, je l’ai entendu raconter.
- Bien, bien. Mais assurément tu l’as fait passer à travers le deuxième tamis. C’est celui de la bonté.
Ce que tu veux me raconter, si ce n’est pas tout à fait vrai, est-ce au moins quelque chose de bon ?
Hésitant, l’autre répondit : Non, ce n’est pas quelque chose de bon, au contraire.
- Hum ! dit le Sage, essayons de nous servir du troisième tamis.
et voyons s’il est utile de me raconter ce que tu as envie de me dire ?
- Utile ? Pas précisément…
- Eh bien ! dit Socrate en souriant,
si ce que tu as à me dire n’est ni vrai, ni bon, ni utile, je préfère ne pas le savoir, et quant à toi, je te conseille de l’oublier.
Le serpent et le diable
Un horrible serpent alla se plaindre au Diable :
- Qu’as-tu ? lui dit Satan, ta mine est pitoyable !
- Sire, je fais tout le mal que je peux.
- Qu’est-ce donc qui te manque, et n’es-tu pas heureux ?
- Non, on guérit de mes morsures,
Répond l’animal venimeux,
On cautérise mes blessures,
Et les contrepoisons détruisent tout mon fiel.
Ah ! que n’ai-je un venin incurable, mortel,
Pour mettre sans remède un homme à l’agonie !
- Quel serpent veux-tu donc être ?
- La calomnie !
Trouvé dans l’Almanach du Croisé, 1942.