L’homme généreux (Conte soufi)
Il était une fois un homme riche et généreux qui vivait à Boukhara. Cet homme occupait un rang élevé dans la hiérarchie invisible : c’est pourquoi on l’appelait le « Seigneur du Monde ». Chaque jour, le seigneur donnait de l’or à une catégorie de gens : les malades, les veuves, les misérables… Il mettait une seule condition à sa libéralité : personne ne devait mendier avec sa langue, ni ouvrir la bouche pour dire quoi que ce soit.
Tous n’étaient pas capables de garder le silence.
Ce jour-là, c’était au tour des juristes de recevoir les dons de l’homme généreux de Boukhara. L’un d’eux ne put se dominer : il fit appel à sa générosité dans un long plaidoyer, et ne reçut rien.
Il revint à la charge le lendemain. C’était le tour des malades. Il attacha des attelles à son tibia, à gauche et à droite, afin qu’on puisse supposer que sa jambe était cassée. Le seigneur le vit, le reconnut et ne lui donna rien. Il essaya encore maintes et maintes fois ; il se déguisa même en femme : chaque fois, le seigneur le reconnut et ne lui fit pas l’aumône.
Il se rendit finalement chez un marchand de linceuls.
« Enveloppe-moi dans un suaire, lui dit-il, puis étends-moi au bord de la route. Quand le seigneur passera, peut-être croira-t-il voir un cadavre et jettera-t-il de l’argent pour les funérailles. Je t’en donnerai une partie. »
Le marchand de linceuls fit ce que le juriste avait dit. Le seigneur vint à passer, et laissa tomber une pièce d’or sur le suaire ; le juriste saisit la pièce de peur que le marchand ne la prenne avant lui.
« Ce que tu m’as toujours refusé, vois comment je l’ai obtenu ! dit-il au bienfaiteur.
– Tu ne peux rien recevoir de moi, répondit l’homme généreux, tant que tu n’es pas mort. C’est le sens de la formule : « L’homme doit mourir avant de mourir. » Le don vient après la « mort », pas avant. Et même cette « mort » n’est pas possible sans aide. »
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Bonjour Poêtesse!
A chacun sa route..
Quand peut-on dire que nous sommes vraiment détaché ?
Si quelque chose nous dérange, cela n’est-il pas là pour nous faire comprendre ce que nous n’avons pas encore compris ?
Nos rencontre sont là pour notre « chance »..
Apprendre à se connaître pour mieux comprendre autrui..
Amicalement, Unpeudetao.
C’est bien vrai, laisser mourir le vieil homme !
Peu d’êtres en sont capables !
Il n’est que de voir combien les êtres humains s’attachent à leur misèrable petite vie ! et la haine et la jalousie dont ils » gâtent » celles et ceux qui s’en sont détachés !